Bière, bière, bière…
Bière, bière, bière…
Émérence,
à l'occasion de rien, décide, avec des potes de la Fac, de profiter
d'un samedi chez elles. Ça tombe bien, car ses parents sont absents
jusqu'à dimanche soir. Jugeant que ses dix-huit ans révolus lui
permettent de tout faire, elle prend le parti de boire pour la première
fois de sa vie et pas n'importe quelle bière : de la Guinness !
Notre
fille n'a pas l'estomac vide lorsqu'elle entame son premier verre. Elle
a déjà bouffé une bonne quantité de riz aux feuilles de manioc et au
chinchard. Émérence se dit qu’ainsi « blindée », elle ne s'enivrera
pas. Erreur !
L'étudiante
parvient sans difficulté à finir la première bouteille. Ce n'est que
lorsqu’elle vide la moitié de la seconde bouteille qu’elle sent sa tête
tourner. Peu après, son ouïe perçoit les sons de manière déformée. Des
nausées d'abord légères gagnent la fille. Émérence décide malgré tout
d'ingurgiter un autre verre. C'est alors que la fille de 18 ans sent de
brusques lourdeurs au ventre qui, du reste, est bien rempli. Les
vertiges redoublent, ainsi que l'envie de gerber. Bougeant sa tête
nonchalamment, Mademoiselle dit à ses potes qu’elle aimerait bien aller
aux toilettes.
Titubante,
Émérence s'avance jusqu'à la salle de bains, accompagnée de deux de ses
camarades qui l’aidaient pour qu’elle ne trébuche pas. Accoudée au
lavabo, le visage déformé par des malaises bizarres, notre fille se met
à tousser. Après une minute de silence, mais à travers laquelle
l'étudiante vacille, un hoquet sec et bref se fait entendre et est
suivi à l’instant d’une projection brunâtre très violente qui
tourbillonne dans le lavabo, mais qui ne s'infiltre pas, car la bonde
bloque tout passage du liquide. Un autre hoquet ne tarde guère qui
lance sans retenue plusieurs gorgées de bière, de riz et de feuilles de
manioc, de couleur indéfinissable. Le lavabo est aux deux tiers rempli
d’un liquide poisseux d’une forte puanteur et de plein de grumeaux
sombres. Mais ce n'est pas tout.
S’agrippant
sur le lavabo, Émérence baisse la tête et la bouche même pas grande
ouverte, éclabousse le sol de la salle de bains du même liquide que
lavabo et ce, à quatre reprises. Une flaque immonde s’étale, visqueuse
et nauséabonde. Les bottes noires de la fille sont maculées des restes
de son repas abondant mêlés de bière forte.
À
présent, notre étudiante se sent soulagée. Son ventre désormais vidé a
pris un volume normal. Les vertiges ont nettement baissé. Muni d'un
torchon et d’une raclette, Émérence enlève le fruit de ses excès. À
chaque coup de raclette et chaque fois que le torchon est soulevé, le
vomi file comme de la glu.